Réviser un texte est une étape cruciale à ne pas négliger pour tout texte destiné à être publié. La révision peut bien sûr être confiée à un professionnel, mais, pour différentes raisons, cela n’est pas toujours possible.
Je vous propose quelques éléments à vérifier pour faire votre propre révision. Tout dépend bien sûr de votre aisance à vous réviser vous-même. L’idéal est de demander à une autre personne de vous réviser, puisque nous avons souvent beaucoup de difficultés à voir ses propres erreurs.
La révision
Dans la profession, on distingue la révision de forme et la révision de fond. La première s’attarde au style, aux erreurs de syntaxe, à la justesse du vocabulaire, au respect de l’orthographe et à l’utilisation adéquate de la ponctuation, tandis que la seconde exige une restructuration du texte afin de le rendre plus clair en fonction du destinataire.
Je vous propose donc quelques éléments de révision de forme à vérifier lorsque vous révisez votre texte.

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8 éléments importants à réviser
1- Les majuscules
En anglais, les lettres majuscules sont beaucoup plus utilisées qu’en français et cela peut être tentant de calquer l’anglais. Il faut alors éviter la majusculite!
Si vous ne savez pas quand utiliser la majuscule pour différents types de dénomination (noms d’organismes, de ministères, d’établissements…), ces deux listes de la Banque de dépannage linguistique vous seront très utiles :
- Emploi de la majuscule pour des noms particuliers
- Emploi de la majuscule pour des types de dénominations
Exemples :
Jacques a travaillé au Bureau du vérificateur général du Canada.
La fête du Travail est un congé très apprécié.
On met une majuscule à Bureau et à Canada, bien sûr!
Il faut aussi mettre les accents sur les majuscules (en français canadien).
2- La rupture syntaxique (anacoluthe)
L’anacoluthe, c’est comme si on oubliait qui fait l’action du verbe. Il y a une rupture dans la structure de la phrase.
Exemple : Courant à toute allure, son nez coulait.
Ici, est-ce que c’est le nez qui court? Non. On pourrait écrire : Courant à toute allure, Jérémie avait le nez qui coulait. L’erreur est fréquente. On comprend généralement ce que voulait dire la personne, mais parfois, c’est la confusion.
Il faut se demander, qui fait l’action en début de phrase. Dans cet exemple, un humain court et non « son nez ».
3- Les verbes pronominaux
Les fameux verbes pronominaux. Ah!!! L’accord des verbes pronominaux n’est pas chose facile.
C’est quoi?
Les verbes pronominaux sont accompagnés d’un pronom personnel complément (me, te, se, nous, vous) qui représente le sujet. (Source : Marie-Éva de Villiers. La nouvelle grammaire en tableaux, p. 161) Ex. : s’aimer, se soigner, se contempler…
Pour nous « faciliter » la tâche, il y a même plusieurs types de verbes pronominaux : verbes pronominaux réfléchis, verbes réfléchis réciproques, verbes non réfléchis, verbes essentiellement pronominaux et verbes occasionnellement pronominaux. Il y a des cas où le participe passé doit s’accorder et d’autres cas où il est invariable. Bref, les pièges sont nombreux!
Mon truc : chaque fois que vous utilisez des verbes pronominaux, ayez le réflexe de consulter une grammaire pour vérifier l’accord. Le Multidictionnaire est tout indiqué. Il suffit de chercher le verbe en question pour trouver la règle qui s’applique.
4- Les espacements
Selon que l’on adopte les règles de la typographie soignée ou non, il y a un certain nombre de règles à respecter quant à l’espacement avant et après les signes de ponctuation. Oui, c’est peut-être tannant, mais ça apporte l’avantage d’être uniforme.
L’erreur la plus fréquente est de ne pas insérer l’espace insécable entre le chiffre et le « h » :
Forme fautive : Samedi de 9h à 10h
Forme correcte : Samedi de 9 h à 10 h
L’espace insécable empêche de séparer deux éléments que l’on souhaite solidaires. Ici, le « 9 » ne sera pas séparé du « h ». Encore une fois, le tableau récapitulatif La Banque de dépannage linguistique vous aidera certainement.
Si vous utilisez Antidote, un logiciel de correction performant, vous pouvez spécifier la typographie que vous souhaitez respecter : la typographie soignée ou la typographie de base.
L’important est d’adopter une méthode et d’être cohérent dans tout le texte.
5- Les faux amis
Les faux amis sont de petites bêtes très rusées qui se cachent derrière un masque. C’est lorsqu’on utilise un mot tout à fait français, mais dans un sens qu’il n’a pas. C’est parfois très difficile à démasquer! C’est un anglicisme sémantique.
Voici quelques exemples :
- Académique au sens de scolaire (« travaux scolaires » et non « travaux académiques »)
- Développement au sens de nouveau (« de nouveaux faits » et non « de nouveaux développements »)
Un bon dictionnaire vous aidera à déjouer les faux amis de ce monde! Vous pouvez aussi consulter cette liste.
6- Les pléonasmes
Un pléonasme est la répétition de deux mots qui ont la même signification. C’est tout sauf une économie de mots.
Quelques exemples :
- monter en haut (exemple le plus courant)
- panacée universelle
- marcher à pied
- prévoir d’avance
Voici une autre liste composée de plusieurs pléonasmes.
Le pléonasme peut par contre être utile dans les cas où on souhaite donner plus de force à un énoncé. Certaines expressions emploient le pléonasme pour marquer les esprits : « Le seul et unique Leonardo di Caprio! »
7- Les barbarismes
J’adore ce mot! Les barbarismes sont des mots inventés (qui ressemblent souvent à de vrais mots) ou des mots utilisés dans un sens qu’ils n’ont pas.
- Tête d’oreiller pour Taie d’oreiller
- Dilemne pour Dilemme
- Rénumération pour Rémunération
- Il s’objecte à la décision… pour Il s’est objecté à …
Heureusement, les erreurs seront repérées (pas toutes!) par votre correcteur inclus dans votre traitement de texte.
8- Les zeugmes
Il fallait terminer cette liste en force avec un autre mot tout à fait charmant.
Exemple :
Forme fautive : Jérémie doit satisfaire et comprendre les règles de sécurité.
Forme correcte : Jérémie doit satisfaire aux règles et les comprendre.
Dans cet exemple, le verbe « satisfaire » doit être suivi de « à » ou « de » et le verbe « comprendre » doit être suivi de « la » « le » ou de bien d’autres prépositions. On ne peut donc pas dire « satisfaire les règles », mais plutôt « satisfaire aux règles » et c’est pourquoi il faut reformuler. « Satisfaire » est indirect (« satisfaire » à quoi?) et « comprendre » est direct (« comprendre » quoi?). Puisque ces verbes exigent des compléments différents, il est nécessaire de reformuler.
Mon truc : bien lire sa phrase et si on ne sait pas quelle préposition doit suivre le verbe, on peut interroger le Rouleau des prépositions. Il suffit de chercher le mot en question et un joli tableau apparaîtra.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez peaufiner votre connaissance de la langue, je vous invite à consulter ces quelques cahiers d’exercices (corrigés inclus) :
Le Style en friche : l’art de retravailler ses textes – André Marquis
Les Exercices du Multidictionnaire de la langue française – Liliane Michaud
Bonne révision et amusez-vous!
– Josée